L’Islamophobie de l’Extrême Droite : Entre Opportunisme et Hypocrisie
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L’extrême droite française a toujours été marquée par l’antisémitisme. Mais depuis les années 2000, elle a progressivement déplacé son discours vers une haine systématique des musulmans, en les présentant comme l’ennemi principal. Ce basculement s’est accentué avec la question de la Palestine, où toute critique d’Israël est désormais assimilée à du "terrorisme" ou de "l’antisémitisme".
Pendant longtemps, l’extrême droite française (du Front National aux royalistes) était profondément marquée par un antisémitisme virulent, structurant clairement son discours et ses actions politiques :
→ Scandale majeur où la droite nationaliste, l'Église catholique et une large partie de la presse réactionnaire instrumentalisent une accusation mensongère d'espionnage contre Alfred Dreyfus, un capitaine français juif. Ce procès politique, fondé sur des faux documents et des préjugés antisémites, entraîne une crise nationale profonde, divisant la société française entre « dreyfusards » (défenseurs des droits civiques, de la justice et de l'universalisme républicain) et « antidreyfusards » (nationalistes, réactionnaires, antisémites), renforçant ainsi la diffusion d'un imaginaire conspirationniste antisémite selon lequel les Juifs seraient intrinsèquement déloyaux à la nation française.
→ Mise en œuvre active et systématique de politiques antisémites par le régime de Vichy, dirigé par le maréchal Philippe Pétain, sous occupation nazie. Ces politiques incluent la promulgation du statut des Juifs dès octobre 1940, l'exclusion progressive des Juifs de toutes les sphères de la vie publique, le fichage précis par l'administration française, les rafles massives (comme celle du Vel' d'Hiv en juillet 1942, où plus de 13 000 Juifs sont arrêtés à Paris par la police française), et la déportation vers les camps d’extermination en Allemagne et en Europe de l’Est. Ces mesures sont menées avec le soutien actif et enthousiaste de courants politiques réactionnaires, royalistes, et d'extrême droite, qui voient dans la collaboration une opportunité pour réaliser leur projet idéologique.
L’extrême droite des années 80-90
→ Jean-Marie Le Pen, leader historique du Front National, suscite la polémique dès 1987 en minimisant publiquement la gravité de l’Holocauste, qualifiant cyniquement les chambres à gaz utilisées pour exterminer des millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale de simple « » de l’histoire. Cette déclaration, réitérée à plusieurs reprises, symbolise une stratégie délibérée visant à relativiser les crimes nazis et à maintenir un électorat sensible aux théories révisionnistes. Parallèlement, des groupuscules néonazis français tels que le Groupe Union Défense (GUD) ou l’Œuvre française intensifient les agressions violentes, les actes de vandalisme antisémite et les provocations publiques, témoignant d'une idéologie profondément enracinée dans l'antisémitisme et la nostalgie du fascisme.
À partir du 11 septembre 2001, et renforcé par les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015, un repositionnement s’opère dans les rangs de l’extrême droite française :
Adoption d'un discours pro-occidental mettant en avant la supposée menace d’un « islam conquérant », présenté comme incompatible avec les valeurs européennes. Les attentats terroristes sont instrumentalisés pour créer un amalgame entre islamistes radicaux et musulmans ordinaires, favorisant ainsi une islamophobie généralisée au sein de l’opinion publique et des médias dominants.
Renonciation officielle à l’antisémitisme traditionnel (du moins publiquement), pour désormais prétendre « défendre les Juifs » contre l'ennemi désigné : l'islam. Cette instrumentalisation de la peur du terrorisme et de la violence islamiste permet à l’extrême droite de renforcer son agenda sécuritaire et identitaire.
Formation d’une alliance stratégique islamophobe internationale avec l’extrême droite israélienne, autour du soutien inconditionnel à Israël et d'une politique agressivement anti-musulmane, facilitée par ce contexte de tensions sécuritaires exacerbées.
Acceptabilité sociale et juridique :
Stratégie électorale et élargissement de l'électorat :
L’extrême droite cherche à séduire une partie de l’électorat juif conservateur et traditionnellement attaché à la sécurité, en jouant habilement sur la peur entretenue d’une supposée « islamisation » de la société française. Ce discours alarmiste est amplifié après chaque attentat terroriste, comme ceux de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015, permettant à l'extrême droite de se présenter comme le garant de la sécurité face à une menace prétendument omniprésente.
Alignement idéologique avec les courants nationalistes israéliens :
Ce rapprochement avec la droite radicale israélienne répond à une convergence idéologique fondée sur un discours commun : la défense d’une identité nationale forte contre un supposé ennemi intérieur et extérieur musulman. Cette alliance s’est concrétisée par des rencontres officielles et informelles entre leaders de partis européens d’extrême droite et responsables politiques israéliens nationalistes, notamment autour du soutien inconditionnel à Israël dans ses politiques anti-palestiniennes. Ce pacte islamophobe permet également de masquer les contradictions historiques internes à l’extrême droite, lui permettant d'afficher un visage politiquement plus acceptable sur la scène internationale.
📢➡️Ce repositionnement n’est donc pas le signe d’un changement réel dans l’idéologie raciste, mais une simple réorientation tactique destinée à maintenir la haine raciale dans le débat public tout en évitant l’isolement politique.
Avec le génocide à Gaza, l’extrême droite a trouvé une nouvelle manière d’instrumentaliser la question juive pour justifier son racisme.
Les militants pro-palestiniens sont régulièrement qualifiés de "collabos des islamistes", ce qui permet de criminaliser et délégitimer leur discours.
L’extrême droite répète constamment que "l’antisémitisme aujourd’hui est avant tout musulman", ignorant délibérément les racines historiques et les acteurs principaux de l'antisémitisme en Europe (extrême droite et mouvements néonazis).
Elle instrumentalise les actes antisémites (profanations, agressions) pour renforcer son discours islamophobe, malgré que les statistiques officielles montrent une forte implication de militants d’extrême droite dans ces actes (rapport CNCDH 2022).
Exemple concret : Éric Zemmour affirme régulièrement que « l’ennemi des Juifs en France, c’est l’Arabe », cherchant à créer une division entre communautés juives et musulmanes pour renforcer sa base électorale.
L’extrême droite soutient Israël non pas par véritable solidarité envers les Juifs, mais parce qu’Israël représente un modèle de suprématie ethnique et de militarisation qu’elle admire et souhaite imiter.
Elle assimile régulièrement les Palestiniens aux nazis, inversant totalement les rôles historiques en ignorant le nettoyage ethnique dont les Palestiniens sont victimes depuis 1948 (Nakba palestinienne).
Exemples concrets : Jordan Bardella et Marine Le Pen (RN) soutiennent publiquement Israël dans ses politiques coloniales au nom de la lutte contre « l'islam radical », malgré les racines historiques néofascistes de leur mouvement (analyse dans Le Monde diplomatique).
📢➡️Cette instrumentalisation cynique de la tragédie palestinienne sert à justifier l'agenda politique islamophobe et raciste de l’extrême droite, tout en exploitant la mémoire juive à des fins électorales et idéologiques.
Même si elle prétend défendre les Juifs contre l’islam, l’extrême droite ne s’est jamais débarrassée de son antisémitisme historique :
📚 Source : Martin Lefranc , « Mémoire du fascisme dans l’extrême droite française », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe, ISSN 2677-6588, mis en ligne le 21/09/23. Permalien : https://ehne.fr/fr/node/22167
🧬 Le Pen et l’héritage antisémite du FN
Marine Le Pen a fait semblant d’exclure son père, mais elle a gardé toutes les connexions avec les milieux négationnistes et antisémites.
Son entourage est issu de groupes néofascistes nostalgiques de Pétain :
Il gère Riwal, une société de communication qui a travaillé pour le FN et est impliquée dans des affaires de financement illégal.
Ami proche du négationniste Alain Soral, Chatillon a partagé des contenus antisémites et a soutenu des thèses complotistes sur l’influence juive.
Ancien du GUD, il est un proche conseiller de Marine Le Pen et a été trésorier du micro-parti Jeanne, utilisé pour le financement du FN.
Accusé d’avoir financé le FN grâce à des fonds opaques liés à l'extrême droite radicale.
En juillet 1991, il participe avec Jean-Marie Le Pen à la commémoration de la mort de Philippe Pétain à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
En 2017, il est nommé président par intérim du FN, mais doit démissionner après la révélation de ses propos négationnistes sur les chambres à gaz.
Eurodéputé et cadre historique du FN, il a toujours défendu Robert Faurisson, un des principaux négationnistes français.
👤 Laurent Ozon : l’idéologue antisémite
Ancien conseiller de Marine Le Pen, il est connu pour ses prises de position antisémites et complotistes.
✡️ Zemmour : la caution juive de l’extrême droite antisémite
Zemmour est lui-même un juif antisémite
Il sert d’outil à l’extrême droite pour attaquer les musulmans tout en blanchissant l’antisémitisme de son camp.
❌✡️ L’antisémitisme de la base militante
L’extrême droite a besoin de cacher son antisémitisme pour survivre politiquement.
💸 L’islamophobie est plus rentable politiquement
🎯 Elle instrumentalise les Juifs pour mieux attaquer les musulmans
→ Elle prétend défendre "les valeurs judéo-chrétiennes" alors qu’elle méprise les Juifs non-alignés.
🇮🇱🇵🇸 Elle profite des tensions Israël-Palestine pour criminaliser la solidarité avec la Palestine
→ Assimiler toute critique d’Israël à du terrorisme ou de l’antisémitisme permet de museler la gauche et les mouvements anticolonialistes.
🚨 Mais au fond, son projet reste le même : défendre une vision raciste et nationaliste, où seuls les "vrais Français" (chrétiens blancs) ont leur place.
Démonter l’hypocrisie historique
Dénoncer la criminalisation des luttes pro-palestiniennes
→ Refuser l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme.
Visibiliser les Juifs antiracistes et anticolonialistes
→ Soutenir des organisations comme l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix).
Refuser la logique du "choc des civilisations"
→ Solidarité entre Juifs et musulmans contre toutes les formes de racisme.
👉 Elle reste profondément antisémite, mais instrumentalise la cause juive pour mieux justifier son islamophobie et sa haine des Arabes. 👉 Son soutien à Israël est un soutien au colonialisme et à la militarisation, pas aux Juifs eux-mêmes. 🔥 Démasquer cette manipulation, c’est lutter à la fois contre l’antisémitisme et l’islamophobie.
L’antisémitisme est désormais criminalisé et largement condamné socialement, notamment à cause de la mémoire historique du génocide nazi. À l’inverse, l’islamophobie est tolérée voire légitimée par les discours institutionnels, médiatiques et politiques, facilitant ainsi sa propagation publique. Des législations spécifiques, comme la loi interdisant le port de (2004) ou celle (2010), ont particulièrement ciblé les musulmans sous couvert de laïcité, contribuant ainsi à normaliser l’islamophobie dans le débat public.
Toute critique d’Israël est présentée comme un soutien au Hamas, organisation classée terroriste par l’Union Européenne ().
Exemple concret : En octobre 2023, , renforçant l'amalgame entre activisme pro-palestinien et menace sécuritaire.
Dans le premier Front national, créé en 1972, on trouve de nombreux anciens collaborateurs, comme ou , qui furent Waffen-SS pendant la guerre.
Dans ses premières années, le FN catalyse les mémoires blessées des anciens fascistes, vichystes et nostalgiques de l’Algérie française. Jusqu’à la mort du numéro deux en 1978, les militants se réclamant de l’héritage du nazisme forment une tendance structurante au sein du parti.
Hors du FN, certains groupuscules se présentent comme les héritiers de mouvements fascistes de l’entre-deux-guerres, comme l’, fondée en 1968 par l’ancien milicien Pierre Sidos, qui s’inspire du Mouvement franciste, mené par entre 1933 et 1944 (parades en uniforme, entrainements armés en vue d’un coup d’État fantasmé).
Certains lieux de mémoire du fascisme français permettent également de fédérer les droites radicales dans leur diversité. L’homme de lettres et journaliste collaborationniste , fusillé le 6 février 1945, fait ainsi figure de martyr pour une grande partie de ces courants. Il incarne aux yeux de ces groupes, encore aujourd’hui, la figure du « mort pour la cause » susceptible de fédérer un camp politique. Le poète est tombé pour un « idéal » ; la « pureté » de ses convictions fascistes est toujours dissociée des conséquences du fascisme, toujours perçues comme des « dérives regrettables ».
👤 : le financier sulfureux
(Groupe Union Défense)**, un mouvement étudiant néofasciste connu pour ses violences et son antisémitisme.
👤 : le trésorier nostalgique de Vichy
: il fait le salut nazi lors d'une soirée d’extrême droite.
👤 : le cadre négationniste
Il a déclaré en 2000 que « sur l’utilisation d’un gaz, par exemple, qu’on appelle le [sic], moi je considère que d’un point de vue technique, il est impossible […] je dis bien impossible de l’utiliser dans des […] exterminations de masse », une rhétorique directement issue des cercles révisionnistes.
👤 : l’historien révisionniste du FN
Il a été après avoir minimisé la Shoah.
A entretenu des relations avec des figures de l’extrême droite antisémite européenne et d'anciens Waffen-SS tel que
Il a et avait publié un texte retiré depuis et présentant Anders Behring Breivik comme un "résistant", "une icône", "le premier défenseur de l'Occident", ou encore un "Charles Martel 2".
Il , insulte Dreyfus et critique "l’influence juive" sur la France.
Dans les meetings de Reconquête et du RN, les , même sous couvert d’islamophobie.
Des figures comme continuent de faire le lien entre l’extrême droite antisémite et l’extrême droite islamophobe.
→ Elle est , alors que l’antisémitisme est (officiellement) réprouvé.
→ Rappeler que l’extrême droite a et qu’elle instrumentalise Israël par opportunisme.
📚 A voir :